vendredi 28 mars 2014

Extrait de "L'hier au demain"



                         TROIS  LITANIES  POUR  LE  CIEL
                                                                               

                                                      I              
                                              NÉBULEUSE

 Nébuleuse à l’œil nu
Nébuleuse aux vertèbres de métal, au ventre d'aspic
Aux cheveux de palissandre à cinq branches
Nébuleuse lézard de la nuit
Scaphandre des ténèbres qui s'enfonce autour de la terre
Léopard de minuit
Nébuleuse en suspens, crinière de filigrane
Aux griffes de neige et de phosphore
Grise mine des clairs de lune, incendie des étoiles
Graminée de la nuit, pistil de la lumière
Nébuleuse aux feux de paille, aux pailles de fer
Vitrage de pluie, de glaives et de silex
Nébuleuse sur fond amer
Votre solitude m'étreint.                                           

                                                        II
                                          L’ ÉTOILE  MULTIPLE

L'Étoile à sept feux verts
L'Étoile à feux triangulaires
L'Étoile du berger solitaire
L'Étoile solidaire de la nuit
L'Étoile qui brille dans le ciel vert
L'Étoile qui dérange le circuit des bolides et météores
                                     L'Étoile qui réveille les rois mages

Celle qui endort les enfants
Celle qui dort dans le fond de l'oeil
Celle qui bruine au matin sur la Seine
                                     et rumine son train d'images et d'enfer
Et celle qui constelle dans les cirques les selles d'éléphant
L'Étoile du bon temps, celle du bon accueil
L'Étoile accroupie sur un parterre de fleurs
Celle qui se glisse dans un coin de la Cène
Celle qu'il sied aux mécènes
                                    de tendre aux pauvres artistes
                                                                     
Celle aussi que l'on fixe chez le dentiste
Celle qui brille au bout du téléphone
Celle qui passe à cheval et pousse sa chanson réclame
Celle qui dégringole en dansant dans le cercle des vivants
Pour turbiner aux turbines dans les usines
Et profiter des heures de lumière supplémentaire
Et rendre inoubliable le temps de la cantine

Pour avoir des vacances payées
Pour aider la misère à battre des ailes
               et prévenir la mort
                           et suivre les enterrements

 L'Étoile qui menace la géographie des navigateurs imprudents
 Et délivre sans retard les prisonniers innocents
          Celle qui ramène les navires aux portes des villes
          Qui aide l'homme à descendre en scaphandre
                            à vingt mille lieues sous les mers
                                                                     
        Cette étoile n'est pas encore celle
        Qui viendra un jour planter en terre
        La première pierre du château, de la cité, de la demeure
.                                                                         que l'on offre aux vainqueurs.                          
                                                      
                                                             III
                                                      LA COURTE ETOILE

C'est la chasse à courre, c'est la chasse à l'Etoile
une suite de courte étoile cette femme
qui suit ce pont de pierre
Comète de la ville elle fait
le tour des quais
C'est elle qui fait les quais de la ville
lumière qui file
sous les pieds de l'inconnu en chasse

C'est l'amour qui s'avance en faisant la roue
la rencontre, le feu, le fer de lance
une Étoile qui sert aux lance-pierres, ces ponts de pierre
qui vont où vont les ponts
ces jets de terre à d'autres terres

C'est l'amour de la chasse qui pousse
entre les pavés fleuris de fleurs de serre
c'est le cor qui sonne un rassemblement d'Étoiles
D'inconnu à inconnu des ponts de pierre
se lèvent, c'est l'amour et le ciel qui se rejoignent
la tombée qui emporte
des cerfs morts
d'un signe à l'autre sur les carrières du zodiaque

C'est l'heure imprévue de la chasse à l'Étoile
l'heure de monter un cheval piaffant                          
l'heure des chasse à courre, l'heure des chiens de race

C'est l'heure d'Ophélie au fil de l'eau, l'heure des marins morts
l'heure des bateaux à voile comme des oiseaux                   
de mer sur l'immobilité de pierre
Sur toute la ville c'est le silence
de la courte Étoile qui passe
d'oreille à oreille
et dépasse
les ponts qui s'espacent
de pont à pont

C'est l'ennui le vague le temps
de la vague qui vogue
avec ses lames d'Étoiles et roule la barque
 le navire de Christophe Colomb                                       
qui débarque et découvre des algues nouvelles
le naufrage qui vous pousse, l'abordage
d'une île très belle où poussent
des algues sauvages                                       
                   
La bouteille à la mer se brise sur un rocher
et c'est une marée d'Étoiles
une nuit blanche, l'aventure qui s'avance
à pas de chasse à loup, l'inconnu traque de gauche à droite
et pousse sur une île la courte Étoile        

Un convoi de maisons plonge lentement dans le fleuve         
A droite à gauche l'île se vide et désespère
Inerte, l'île n'est qu'une île de pierre avec ses ponts

Sur un terrain vague, un terrain de vague à l'âme
C'est la tombée de l'Étoile qui chemine
                A raz de terre c'est un cimetière d'Étoiles
                                                                        la tombée du ciel sur la terre


La tombée, c'est une immense vallée qui se referme
Une Étoile de sang vert répandu
Un escalier géant, une cavalcade, une rivière
Une averse qui chasse d'un pont à l'autre
                                                  la tombée de la nuit avec cette femme
                                                                                              qui passe.                                                  



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